Login

" Faire vivre et développer une expl oitation reçue en héritage ! "

Différentes variétés de Cornus alba transplantées en avril 2018 seront en vente en octobre 2019.PHOTO ISABELLE CORDIER

Les Pépinières Charentaises sont aujourd'hui dirigées par Sébastien de Warren et son cousin Antoine D aganaud, héritiers d'une longue lignée familiale de pépiniéristes depuis 1842. Ensemble, ils adaptent la production aux contraintes législatives et environnementales pour mettre la gamme en adéquation avec le marché.

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

En Charente Limousine, l'été est éprouvant pour les hommes et les plantes. Sébastien de Warren, codirigeant des pépinières Charentaises à Montemboeuf (16), organise la lutte contre la sécheresse et la chaleur. Il donne la priorité à la survie des productions d'arbres et d'arbustes de pleine terre, comme des cultures hors sol. Car ils avaient bien failli tout perdre lors de la canicule de 2003. Depuis, l'entreprise a investi dans un système complet d'irrigation, avec notamment la création d'une retenue d'eau de 150 000 m3, en même temps qu'elle faisait évoluer ses pratiques de cultures.

Entré dans la société familiale en 1996, après des études de commerce, Sébastien de Warren se forme en production sur le terrain pendant deux ans, puis conduit le processus de certification ISO 9001. Il occupe ensuite les fonctions de directeur des achats de jeunes plants, puis de commercial. En 2016, lorsque son oncle, Dominique Matti, part à la retraite, il reprend la direction de l'entreprise avec son cousin Antoine Daganaud, lui aussi déjà présent au service commercial.Animés par la même ambition, qui est de faire vivre et de développer l'héritage reçu, les deux dirigeants adaptent les productions aux évolutions des marchés, des obligations réglementaires et des préoccupations tant environnementales que sociétales.

> Maîtriser l'irrigation, même en pleine terre. Sur un domaine de trois cents hectares, répartit sur quatre communes autour du siège, dans les contreforts du massif central, à 300 mètres d'altitude, élever des arbres pendant six à huit ans en pleine terre demande une organisation sans faille. Par une chaleur écrasante, Sébastien de Warren fait le tour des troupes tandis que Christian Mesmin, adjoint au chef de culture et responsable qualité et environnement, coordonne les chefs d'équipes. Pour faire vivre la production, non seulement il faut arroser les conteneurs jusqu'à quatre fois par jour en aspersion, mais en plus, la mise en eau des trois hectares de goutte-à-goutte pour la pleine terre n'est pas de tout repos ! Les tuyaux se rétractent sous l'effet de la chaleur et les micro-trous se bouchent. Des filtres à lamelles sont donc nécessaires, renchérissant le coût du dispositif. Par ailleurs, si l'arrosage au pied des végétaux est idéal pour leur croissance, il l'est aussi pour les sangliers, qui font de gros dégâts sur les Taxus !

> Du sorgho pour améliorer l'apport en azote. Alors que la maîtrise de l'irrigation reste une question centrale, le processus de production ne laisse rien au hasard. Tout est rigoureusement organisé, de l'achat des jeunes plants jusqu'à la vente des végétaux finis.Ainsi, 200 hectares sont cultivés et les cultures de pépinière se font en rotation avec du sorgho, sur un cycle de trois ans. Un choix technique dicté par l'excellent rendement de cette plante pour l'apport d'azote dans le sol. À cela s'ajoutent des compléments de fumier et de compost obtenu avec les broyats de la pépinière.

> L'indispensable main de l'homme. Si le travail est mécanisé au maximum, il demande encore beaucoup de main-d'oeuvre. Au mois de juillet, cinq bineurs saisonniers sont embauchés pour compléter le travail du tracteur enjambeur pour le binage et l'aération du sol. Une obligation depuis deux ans « pour faire face à l'inefficacité des molécules des désherbants du marché », déplore Sébastien de Warren. Les expérimentations en paillages (copeaux de bois, résidus des distilleries d'eau-de-vie) devraient, à terme, résorber quelque peu ces problèmes d'adventices en pleine terre.La taille et le tuteurage des arbres sont aussi toujours entièrement manuels. Ainsi, cinquante hectares d'arbres d'un an d'âge ont été plantés en avril dernier et doivent être attachés avec le « mou » (c'est le nom donné au lien plastique classique laissant le bois grossir librement). Il faut également les protéger du gibier avec des filets et aussi des xylébores rouges, à l'aide de pièges (produits de biocontrôle). Les traitements sont limités au strict nécessaire dans le respect des cahiers des charges des labels.Gage de qualité pour les dirigeants, 90 % des jeunes plants sont achetés en France. Ils sont ensuite cultivés dans une première parcelle en pleine terre ou en conteneurs. Pour les végétaux les plus rapides, le cycle de culture est de trois ans mais une partie d'entre eux reste dans les pépinières jusqu'à huit ans. Transplantés dans leur quatrième année dans une nouvelle parcelle, les arbres développent ainsi leurs systèmes racinaires et aériens dans de bonnes conditions. C'est l'assurance d'une meilleure reprise après qu'ils aient été vendus en racines nues ou en mottes. En sol argilo-limoneux, les terres sont lourdes et peu profondes avec une roche mère assez proche, ce qui favorise le développement du chevelu racinaire.

> Le paysage, un marché en croissance. Chaque année, 7 000 arbres sont ainsi transplantés d'une parcelle à l'autre afin de pouvoir mettre en vente des sujets de 16 à 25 cm de circonférence, la taille la plus adaptée à la plupart des projets en paysage. Le marché est en plein essor depuis 2014. C'est pourquoi l'entreprise développe la forme en cépée, de plus en plus demandée pour les arbres, ainsi que, depuis 2015, une gamme de graminées et de vivaces en 2 litres. De plus, elle innove en lançant cette année le concept Readyhedge©, présenté au dernier salon du végétal à Nantes. Une solution d'arbustes cultivés en sacs prêts à planter pour réaliser des haies finies à effet immédiat. Ce produit, adapté aussi aux nouvelles attentes des consommateurs, complète l'offre de la gamme Nobilis, destinée à la distribution spécialisée. C'est peut-être un moyen pour redynamiser ce marché en perte de vitesse.Les arbres et arbustes de cette gamme, issus de pleine terre, sont rempotés puis cultivés en conteneurs de 18 à 86 litres, au fur et à mesure de leur croissance. Ceux-ci sont toujours adaptés au volume de la plante. Il n'y a pas de reconduite de culture : aucune plante ne reste deux ans dans le même pot, c'est la garantie d'un développement optimal.

> En France ou à l'export, le fait d'avoir plus de clients permet d'amortir le risque économique. Au total, 600 000 arbres et arbustes sont expédiés chaque année vers les différents clients des Pépinières Charentaises dont le Royaume-Uni, premier pays d'export. Avec plus de mille comptes affaires répartis dans différents segments de marché, l'entreprise se préserve des aléas économiques, le plus gros client ne pesant que 4 % du chiffre d'affaires au maximum.Un nombre qui devrait s'étoffer grâce à la conquête de nouvelles régions, au développement de la communication et à la refonte du site Internet.

Isabelle Cordier

Christian Mesmin (à gauche), adjoint au chef de culture et responsable qualité et environnement et Sébastien de Warren, codirigeant de l'entreprise. Ils présentent le concept Readyhedge©, des haies préformées d'un mètre.

PHOTO ISABELLE CORDIER

Platanes de 7 ans d'âge, prêts pour la vente de cet automne.

PHOTO ISABELLE CORDIER

Depuis deux ans, cinq saisonniers sont embauchés en renfort au mois de juillet, en plus du tracteur enjambeur pour le binage et l'aération du sol, pour lutter contre les adventices.

PHOTO ISABELLE CORDIER

La taille et le tuteurage des arbres sont entièrement manuels. Plantés en avril dernier, 50 hectares d'arbres d'un an d'âge sont attachés avec le « mou » puis protégés du gibier par des filets.

PHOTO ISABELLE CORDIER

Au tracteur enjambeur pour le binage et l'aération du sol, depuis deux ans, s'ajoute cinq saisonniers en juillet pour la lutte contre les adventices.

PHOTO ISABELLE CORDIER

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement